El tema central de este Blog es LA FILOSOFÍA DE LA CABAÑA y/o EL REGRESO A LA NATURALEZA o sobre la construcción de un "paradiso perduto" y encontrar un lugar en él. La experiencia de la quietud silenciosa en la contemplación y la conexión entre el corazón y la tierra. La cabaña como objeto y método de pensamiento. Una cabaña para aprender a vivir de nuevo, y como ejemplo de que otras maneras de vivir son posibles sobre la tierra.

martes, 15 de enero de 2013

El escritor Joël Roussiez en la calma de su cabaña




Joël ROUSSIEZ



Une biographie, on le sait n'explique pas grand chose; Aussi je me permettrai de n'évoquer que quelques points.

L'enfance, c'est la vie campagnarde, surtout les activités dans le paysage; impression de n'être pas d'ici, d'être toujours d'ailleurs et en attente d'une libération, d'un départ; pourtant beaucoup de sensations profondes et sensuelles de la présence du monde "naturel", bois, champs, buissons et vues lointaines de lacs, de montagnes, ces au-delà...

L'adolescence un: mi-urbaine, mi-campagnarde; bonne vitalité, un peu scandaleuse, très vite de l'alcool, des escapades, des griseries; des amours sans acte, platoniques et intenses, peu ou pas déclarées. Très moyen au lycée mais développement de "mon bavardage". L'adolescence deux: en internat dans le technique, developpement d'autre chose, sentiment d'enfermement, de bêtification et surtout manque affectif violent. Lectures abondantes, élève brillant et détachéde tout, quelques amis et des discussions infinies, éloignement des groupes et masses; une certaine originalité, peu classable. Non-violent.

A Nantes, jeune-homme, découverte du sexe, de l'indépendance, de la polémique et d'une certaine froideur dans l'expression des sentiments. Grandes lectures. Tout d'abord, il n'est pas d'ici , tout un monde àdécouvrir mais par oùrentrer? Puis, lentement intégration par le haut, avec un culot jusque làinconnu, culot de la parole qui est facile, qui coule et s'articule de manière habile, considérépar autrui. Relation amoureuse durable et sans problème, douceur. Se sent nantais, pour la première fois peut-être de quelque part. Tentative d'écriture, déjàdes poèmes finis mais souvent narratifs; quelques essais de romans éjaculatoires. La vie est ailleurs. Lentement dislocation des groupes, isolement pour lui autour de sa table, éloignement du familisme; ne se sent plus d'ici, voudrait être ailleurs, premiers romans; lecture, écriture et beuveries; bavardages esthétiques, la dimension de l'art. Developpement de sa théorie du rythme comme incarnation du texte... Voyages, se rend régulièrement à Paris, y rencontre quelques écrivains connus, des journalistes et des intellectuels, passe quelques diplômes, histoire de. Nantes sent le fini, l'éthique qu'il a mise en place lui semble petit àpetit décalée par rapport au réel, il pourrait y avoir une erreur, une lourde erreur, cela lui fait peur; mais il tourne en rond et se trouve de plus en plus àsa table autour d'un projet lourd, Voyage Biographique...

Départ pour l'Autriche, vit isolépendant un temps, s'accroche malgréle bourdon perpétuel et la question: pourquoi? Sorties, cafés, traîneries, écriture... Cherche àêtre autre, veut changer radicalement pour voir... Puis femmes, rencontres, désirs intenses, violents et pour finir amours malheureuses; amour qui se répètent, perte totale du beau bavardage, pas de langue, veut se perdre, cherche àse perdre, voudrait disparaitre dans le monde. Remarque que beaucoup veulent des règles et des répétitions, que faire? Tout en se révoltant, il leur donne raison; il pense constamment que quelque chose lui échappe, il nomme cela féminisation et il veut cette féminisation (pour échapper au bavardage, àla force, àla guerre, etc). Ecriture constante et régulière quoiqu'il arrive, amélioration évidente; L'affect s'exprime, la forme l'exprime, une certaine qualitéd'affect est exprimée, voilàsa théorie de l'art (formulation deleuzienne). Expérience de l'errance, difficile et douloureuse mais expérience qui libère voilàle résultat; suit une trilogie: Errances, etc.

De retour en France, ne veut rien renouer, résiste, écrit, développe l'art comme geste. Vit àla campagne, charme des lieux, des lumières et des cieux, jouit du monde autour mais se heurte aux gens; il n'est pas humaniste. Il faudrait tout penser autrement, il y revient, tandis que doucement les structures répétitives de la vie quotidienne, cherchent àl'engluer dans les devoirs; écrit sur les barbares et contre les tribus, rejetterais volontiers civilisation et espèce; voilàoùil en est.
Joël ROUSSIEZ
Le Pigeon Blanchttp://ezines.onb.ac.at:8080/www.silverserver.co.at/art2000/artint/joel_bio.htm


"Une journée maussade" par Joël Roussiez

Dans la cabane de Joël Roussiez, par L. W.-O. ©, Bretagne 2007

Un texte inédit de Joël Roussiez, l'un des plus forts et des plus discrets écrivains d'aujourd'hui, dont je ne recommanderai jamais assez la lecture. On le retrouvera régulièrement dans la nouvelle formule de La Main de singe. (Voir bibliographie et liens en bas de ce billet)

Une journée maussade où nous étions en rade dans le doux Ar Ménez toute voile pendue ainsi que du linge mouillé, en attente du vent au milieu des coteaux, un jour de printemps où le clapot même était sans force; un jour donc où nous étions venus là pour aborder la côte en baie de Trez où se trouve une passe pour gagner la mer des Gascons en évitant le tour du Nez, gagnant ainsi du temps sur l'Amiral pour le rejoindre après un repos qu'il ne voulait accorder. Les hommes étaient dans un état lamentable, leurs corps se traînaient sur le pont; dix jours de navigation dans la tempête les avaient mollis... Et voici que le temps nous était venu à propos, maintenant nous balancions notre ennui en regardant la terre. Une journée maussade donc enveloppait le navire et glissait son humeur dans le bastingage et les mâtures, balancement du grand mât comme un pendule métronome qui nous comptait les heures qui ne paraîssaient; et le grincement des bois qui irritait nos nerfs, s'immisçait dans les cales parmi les rats qui se montraient stupéfaits à la face des matelots qui leur jetaient des boulets du charbon que nous avions chargés à Monléo. Nous allions avec le vent et sans vent nous n'allions pas, nous sentions des mollesses sous nos pieds comme si elles nous remontaient par les jambes, forçant nos marches désœuvrées à peu de stabilité, chacun en conséquence titubant sans aucune raison puisque le navire sur l'étale ne bougeait pas d'un brin. C'est ainsi que vint au milieu de nos corps s'installer une sorte de peur. On vit des rats passer par les haussières et se couler dans l'eau; des poissons vinrent tourner autour de la coque ne montrant que leurs dos aux lueurs de fuel et la journée balança ses heures comme on compte les gouttes après l'averse; nous comptâmes les nôtres, maussades à notre tour dans notre repos ce jour... 
Temps étrange et plus obscur, avec le crachin qui se mit à descendre en nappes mouvementées, gonflant parfois les voiles qui claquaient un peu tandis que le navire sembla se mettre à suer. Les hommes comme étouffés de l'intérieur s'abattaient sur les bancs, les sièges et les rouleaux de filins, exténués par le froissement de l'eau contre l'étrave et le bruissement de la pluie incessant. Des vagues de torpeurs berçaient en nous des songes de malheur qui nous fermaient les yeux; et le temps étrange où l'on comptait les heures passées et celles qui restaient en écartant nos doigts, une, deux et trois heures encore, le temps semblait reculer au milieu des poulies et des cabestans dans lesquels il s'empêtrait comme il nous arrivait de nous empêtrer dans des sommeils furtifs qui nous collaient les yeux. Le navire mollissait, les bois regorgeaient d'humidité gluante et douce, on ne savait où poser les mains; il nous venait des démangeaisons aux bras et, sous les cheveux, il nous semblait sentir s'étendre quelque champignon plat. Le long de canaux dendritiques d'où s'écoulait un jus, de minuscule crustacés s'accrochaient en cliques à quelques rugosités du bois; le pont se couvrait pour nous d'une vie infime comme si devant les yeux dansaient des fibrilles de limaille rouillée; au loin, la lande envahie de lichens dansait aussi sous les nuées et tout ceci nous basculait dans le maussade d'une journée où nous avions pensé prendre du repos... L'Amiral arriva par le fond de la baie, son navire à l'étrave d'acier fendit les eaux sans nous voir, nous éperonnant par le tribord qui nous fit basculer hors du maussade et dans un autre temps...Temps étrange, c'est son nom...
© Joël Roussiez, 2010
(http://lamaindesinge.blogspot.com.es/2010/10/une-journee-maussade-par-joel-roussiez.html)


Joêl Roussiez par L. W.-O. ©, Bretagne, 2007




Film ci-dessus : AU PIGEON BLANC, 
rencontre avec Joël Roussiez par L. W.-O.


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